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Une petite visite

Blog de Skippyremi http://skippyremi.joueb.com

Analyse de la loi Fillon
--> ....Pour la défense de l'éducation qui va se privatiser...
Vu sur http://jcr.lautre.net/article.php3?id_article=850
Argumentaire sur la loi Fillon (ce document n’a pas la prétention de remplacer la lecture et l’analyse du projet en lui-même,bien que dense il est court et ne mentionne pas tout. Mais il rappelle les grandes lignes et peut être utilisé pour expliquer autour de nous pourquoi il est vital de se mobiliser pour le retrait total)

Ce qu’implique le projet de loi Fillon :

- Autonomie et concurrence entre établissements :

Art. 19 : « Dans chaque école et établissement d’enseignement scolaire public, un projet d’école ou d’établissement est élaboré avec les représentants de la communauté éducative. » L’annexe précise : « La loi organique relative aux lois de finances va donner aux établissements une responsabilité budgétaire plus grande en fonction d’objectifs pédagogiques clairement déterminés dans le cadre d’un contrat entre l’académie et les établissements. Cette nouvelle marge d’initiative doit être utilisée par les établissements au profit d’une organisation plus efficace. » (Annexe p. 30). Dans un contexte de pénurie budgétaire, cette autonomie ne peut que signifier une concurrence entre établissements et un renforcement des inégalités. Certaines options disparaîtront des lycées les plus pauvres.

- Suppression massive de filières, d’options et appauvrissement des contenus ; suppression des diplômes nationaux ; ségrégation sociale institutionnalisée :

Art. 6 : « La scolarité obligatoire doit au moins garantir l’acquisition par chaque élève d’un ensemble de connaissances et de compétences indispensables comprenant :
- la maîtrise de la langue française ;
- la maîtrise des principaux éléments de mathématiques ;
- une culture humaniste et scientifique permettant l’exercice de la citoyenneté ;
- la pratique d’au moins une langue vivante étrangère
- la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication. »

Les connaissances minimales sont extrêmement limitées. On se dirige vers une éducation à minima pour le plus grand nombre, et une possibilité d’aller plus vite et d’accumuler les options pour les autres. L’annexe indique que « pour les élèves qui ont montré aisance et rapidité dans l’acquisition des connaissances, l’éducation nationale se doit de favoriser leur progression. » Seuls les meilleurs élèves auront accès aux autres disciplines (histoire-géographie, sport, biologie, physique chimie, disciplines artistiques...).

Art. 18 : « Le diplôme national du brevet sanctionne la formation acquise à l’issue de la scolarité suivie dans les collèges. Il atteste la maîtrise des connaissances et des compétences définies à l’article L. 131-1-2 et prend en compte, dans des conditions déterminées par décret, les autres enseignements suivis par les élèves selon leurs capacités et leurs intérêts. »

On assiste à une individualisation du brevet, qui en rendra la valeur inégale d’un individu à l’autre !

Art. 16 : « En vue de la délivrance des diplômes, il peut être tenu compte des résultats du contrôle continu, des résultats des contrôles en cours de formation, des résultats d’examens terminaux et de la validation des acquis de l’expérience. » La prise en compte des notes obtenues au cours de l’année risque de rendre la valeur des diplômes inégale : pour connaître la valeur d’un bac, on ira regarder où il a été passé...

La réforme ECTS-LMD des universités remplace les anciens diplômes par des « grades » et « titres », ils risquent de ne plus donner accès à de réels droits collectifs, étant donnés que les diplômes seront différents d’une université à l’autre et même individualisés (cf. art. 5 du décret ECTS LMD du 8/04/2002). Deux personnes ayant étudié pendant 3 ans les mathématiques ne seront pas assurées d’avoir le même salaire et les mêmes droits minimums garantis à l’embauche dans une même entreprise...On s’achemine vers une inégalité énorme : si l’on passe son bac dans un lycée « de pauvres », on ne sera admis que dans une « fac de pauvres » et on aura un emploi en conséquence...

- Professionnalisation à outrance

C’est la conséquence de tout cela : puisqu’on sait que son lycée prépare à un bac au rabais, autant faire autre chose et ne pas se destiner à des études longues. Les études professionnelles ne seront pas un choix, parce que tel ou tel élève a une vocation, mais une contrainte. On ira plus dans les entreprises qu’en cours dans les lycées.

Art. 4 : « La formation scolaire doit, sous l’autorité des enseignants et avec l’appui des parents, permettre à chaque élève de réaliser le travail nécessaire tant à la mise en valeur de ses qualités personnelles et de ses aptitudes qu’à l’acquisition des connaissances et de la culture générale et technique qui seront utiles à la construction de sa personnalité, à sa vie de citoyen et à la préparation de son parcours professionnel. »

Art.11 : « A tout moment de la scolarité obligatoire, lorsqu’il apparaît qu’un élève risque de ne pas maîtriser les connaissances et les compétences indispensables à la fin d’un cycle, le directeur d’école ou le chef d’établissement propose à la famille de mettre en place un contrat individuel de réussite éducative. »

Art.13 : « L’orientation et les formations proposées aux élèves tiennent compte de leurs aspirations, de leurs aptitudes et des perspectives professionnelles liées aux besoins prévisibles de la société et de l’économie. »

- Renforcement de la répression et apprentissage de l’ordre moral

Art. 2 : « La Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. ». L’annexe précise en préambule que cette loi « entend rappeler à chacun ce qu’il doit aux valeurs fondatrices de la République. » Plus loin : « l’école a un rôle fondamental à jouer pour assurer le maintien du socle républicain » et elle doit « transmettre aux élèves les valeurs morales qui fondent la vie en société ».

Il ne s’agit pas de créer un véritable esprit critique, mais de nous apprendre à obéir à ne pas revendiquer, à ne pas débattre... Le terme « communauté éducative » est remplacé par « école », terme qui a un sens plus restrictif : on peut craindre une remise en cause du rôle des personnels non enseignants et du travail collectif des équipes pédagogiques.

Annexe p.31 : « Toute action violente entraîne une sanction immédiate. Le chef d’établissement assure la liaison avec un correspondant de la police nationale ou de la gendarmerie ; il signale au procureur de la République les infractions pénales en vue de mettre en œuvre des réponses rapides et adaptées. » Des flics dans les bahuts... Plutôt que des pions !

Ecrit par Skipp', le Samedi 5 Février 2005, 17:24 dans la rubrique "Vie lycéenne".