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Samedi (11/11/06)
Du sang, de peurs, de rage et de pleurs
--> [Beit Hanoun]
Du sang, de peurs, de rage et de pleurs Les mains rouges, je les ais toujours Et je les hais toujours. Aujourd’hui l’un va être pendu, et l’autre mort dans sa grotte, Pendant que Dollar’land ose réfléchir et change L’urinoir en urne… Les mains rouges de sang qui sont, Du sang de mes frères qu’on abat et qui souffrent. Frères de tous pays, c’est à vous que je pense. Tu jouais peut-être avec ta sœur, Eika aidait maman, Et Papa travaillait pour les pétrodollars des richards. Vous étiez 18 comme ils étaient pourtant 20 et 100. Si le sang sèche trop vite en entrant dans l’Histoire, Ceux qui ont vidé le vôtre ne s’en souviennent plus. Aujourd’hui, le Rage tombe sur un peuple Comme la Haine tombe sur d’autres. Une planète de peur, de rages et de pleurs. Beit Hanoun, je retiens ton nom et tu te déclares martyr Martyr de la vie humaine et de cette place hautaine. C’étaient vos frères en face. Ce combat n’est fait que d’ordres. Les tirs vous ont tués. Peuple de toute nation, c’est votre frère Qu’il faut prier pour espérer que son chef entende le cri. Ce cri, c’est comme si je l’entendais lorsque les corps ont jailli : Du sang, de peur, de rages et de pleurs. Ce jardin d’Eden n’est pas sur Terre, Et si un Dieu a créé la mort c’est pour permettre aux Hommes De s’évader de cette planète rouge où règne la violence, Et où on tue ses frères. Le sang de mes mains coule sur cette planète, Qui, à chaque instant, rougit de sang, de peur… De rages et de pleurs. Beit Hanoun, je t’écris. Du sang, je te crie. Du Sang, de Peur, de Rages et de Pleurs Espérons, qu’un jour le vert du billet et le rouge du sang Laissent place au vert de l’espoir et au rouge de l’amour Quand l’espoir et l’amour ne feront plus qu’un Nous aurons droit au vert et au rouge qui donneront alors L’orange de l’amitié, de la vie, du printemps Et de la fraternité Ecrit par Skipp', à 21:11 dans la rubrique "Mes Textes".
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Mercredi (13/09/06)
Crève
--> En haut...
Enfoiré de friqués plein aux as ‘Vec ton costard brossé, la classe La classe, l’élite de la nation Semblable au roi des cons Comme le disait l’ami Brassens Bourgeois peinard, tu vas crever, mince ! Petit bourgeois peinard, tu vas crever ! Crève, Crève, Crève Le Peuple ne fut que ta dernière menace Crève, Crève, Crève L’Apocalypse aux portes de l’Europe, Sonne le glas de ta mort, salope, Ton pouvoir ne t’apportera pas de quoi te soigner Les corbeaux viendront te bouffer Et de tes entrailles pourries, ils en crèveront. Crève, Crève, Crève Le Peuple ne fut que ta dernière menace Crève, Crève, Crève Tu as tiré sur les opprimés, Tu as fusillé les oubliés Tu as Expulsés les Sans-papiers Prends garde, les corbeaux te viennent Le peuple est sauvé par cette peste naissante Crève, Crève, Crève Le Peuple ne fut que ta dernière menace Crève, Crève, Crève Tel Oran bloqué par Camus, Ton palais verra les grands cocus De ce monde agoniser ; Leur destiné était annoncé Mais toi, insecte vivant tu mourras le dernier Les oiseaux ne sont qu’un signe du destin Crève, Crève, Crève Le Peuple ne fut que ta dernière menace Crève, Crève, Crève Les oiseaux de la mort te feront souffrir Tu seras le dernier, mais tu vas saigner Crève, Crève, Crève Le Peuple ne fut que ta dernière menace Crève, Crève, Crève Ecrit par Skipp', à 16:20 dans la rubrique "Mes Textes".
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Vendredi (25/08/06)
L'Enfant dans l'évolution de la société
Mon dernier jour aujourd'hui. 18 jours de stage pratique validé. Rapproché des enfants, j'ai pu constater la dure réalité sociale de certains enfants et je me pose là la question de l'école. Quel est le rôle de l'école dans le développement social des individus ? Et que faire lorsqu'ils sont à intégrer dans une structure ?
Quand un élève en fin de CM2 ne sait pas lire, quand jeune en fin de CM2 n'arrive pas aligner 2 mots sans serrer les dents et taper sur la gueule. Où est le problème ? L'école ? Les parents? Un peu des deux. Il devrait, je pense, avoir un lien beaucoup plus important entre les parents et les professeurs des écoles. Ces liens n'existent malheuresement pas. Dans le secondaire, les parents participent à des réunions parents-professeurs. Pourquoi ne pas favoriser cet échange au primaire ? Les rythmes de notre société actuelle de marché ne permet cet échange et l'échange est même réduit à la seule valeur économique. La valeur économique rime alors avec le mot temps. Il n'est donc plus question pour les parents de rester 10 min de plus avec les instits pour discuter de l'enfant, avec l'enfant. Que les parents sachent ce que fait leur enfant est, je crois, primordial. Dernièrement, j'ai entendu "Je ne sais pas si il sait lire". N'est-ce une aberration de notre système actuelle où même la récompense n'existe pas ? Des parents sont fiers que leur enfant sache lire. Mais si ceux ci ne le savent pas, l'enfant se sent lésé. Le contact parent-enfant est aujourd'hui plus qu'important. Un rôle protecteur ne peut qu'à aboutir à la confiance à long terme ! La confiance entre les parents et enfants et la confiance propre des enfants pour eux. Avoir confiance en soi représente près de 30% de la réussite scolaire. La famille se révolutionne aujourd'hui avec le conflit mariage-divorce. Cette révolution ne peut qu'aboutir uniquement si elle place l'enfant au centre du processus. Un enfant ne peut se développer ent restant plus proche de son père ou de sa mère. Il a besoin des deux parents bien que le témoin séculaire ne soit pas obligatoire ! La mère "douceur", le père "autorité" peut se conjuguer sous toute les formes. L'Enfant au centre du système familial et éducatif. Ecrit par Skipp', à 23:58 dans la rubrique "Mes Textes".
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Samedi (15/04/06)
Hier n'est plus
Ecrit par Skipp', à 11:00 dans la rubrique "Mes Textes".
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Dimanche (16/10/05)
Au coin d'un arbre...
--> ...printemps
Prise au printemps 2005, A Metzervisse, près de la Bibiche. Appareil photo analogique. Couleurs alternées par l'ancienneté de la pellicule. Modifié pour plus de netteté par photofiltre. Tout droits réservés. contactez moi par mail (skippyremi.a.gmail.com) Ecrit par Skipp', à 17:27 dans la rubrique "Mes Textes".
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Jeudi (22/09/05)
Préparez vous
Entrez dans une nouvelle ère !
Entrez mes amis ! Et vous ne ressortirez plus ! Dans la légalité il arrive au pouvoir Dans la légalité il conserve son trône Un prétendu danger vient lui faire peur Une élection le popularise à plus de 80% Mais de qui faut-il avoir peur entre le loup qui est toujours loup Et le loup-garou qui sort ses crocs la nuit Peuple d’ici ! Ami du peuple ! lobotomisés du JT Accros de la Star’Ac, habitués des guignols On va avoir ta tête sans que tu voies la lame ! Ecrit par Skipp', à 17:23 dans la rubrique "Mes Textes".
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Dimanche (18/09/05)
L’Empire se Meurt
--> ...samedi 22 janvier
Viens… assieds-toi…si çà te tente
Je vais te raconter l’histoire bête et méchante D’une tribut haineuse dirigée par une idole Aux pieds d’airains, et à la tête de pétrole Elle est aujourd’hui à la charnière de son existence, Car demain, ce peuple devra faire pénitence, De tous ses maux obscurs et de ses conquêtes Exigées par un Dieu sombre et perdu Qui détruira tout quand tu ne seras plus. Un Dieu un seul, depuis deux cent ans Règne sur ces Hommes qui n’ont plus rien de blanc Une terre pour ce Dieu ? Quel Dieu pour quelle terre ? Sur ce continent aux Indiens et aux bisons que faire ? On l’a conquise au fil des siècles On s’est civilisé On a exterminé ses seuls habitants Et nous voilà en détresse maintenant Votre fusée de détresse sera la seule dans ce ciel blanc Le Terrain de jeux a été quadrillé Puis il s’est fait acheter par plus riche que lui Aujourd’hui, des Tours de verres se sont érigées Deux d’entre elles ne sont plus, elles ont fui Et maintenant, quelle décadence ! Son Dieu gouverne tout et nous mets tous en transe Gloire à lui, des innocents passent leur nuit sur des cartons Gloire à lui, le petit Ben Bedik n’a plus de maison Tu veux jouer au gendarme mais c’est toi le voleur Demain, Unis les Etats ne seront plus, maintenant c’est l’heure Prive toi de Mac Dollar, oublie le Coca ! Demain de toute façon, tout disparaîtra Les States sous embargo, Afrique le fric ne sera plus, mais pour l’instant protège ton eau. Oh mon Dieu dollar tu te fais dépasser par la vieille Europe Qui périra quelques siècles plus tard. Dans ce Monde de lâche, pour gagner faut se faire misanthrope On l’a conquise au fil des siècles On s’est civilisé On a exterminé ses seuls habitants Et nous voilà en détresse maintenant Votre fusée de détresse sera la seule dans ce ciel blanc On l’a conquise au fil des siècles On s’est civilisé On a exterminé ses seuls habitants Et nous voilà en détresse maintenant Votre fusée de détresse sera la seule dans ce ciel blanc Pas un seul Dieu ne pourra vous sauver Ecrit par Skipp', à 18:27 dans la rubrique "Mes Textes".
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Vendredi (01/07/05)
Né un Jour de Malchance
Né un Jour de Malchance
Où Papa ne voulait pas être Où Maman ne voulait pas être Où Papa et Maman ensemble heureux étaient Pour un instant seulement Que Papa soit ce Papa Ne dérangeait pas Maman Qui ne savait pas encore Qu’elle serait cette Maman Car plaisir instantané comptait Plaisir qui n’était pas forcément voulu Mais il fallait qu’elle puisse vivre Et sans plaisir, pas de vivres Car ces plaisirs nourrissaient Maman Qui aujourd’hui ne reconnaît pas Papa parmi les Papas Je suis Né un Jour de Malchance, Par le bout d’une Capote usé Sans gynécos à sa portée Ni Pilules dans le porte-monnaie Et pas déclaré même pas remboursé Né un Jour de Malchance Dans un pieux massacré Dans un de ces Hôtel piteux Dans une de ces chambres loués Par quelques clodos solitaire Et cédés un instant Un instant seulement Aux damnées des trottoirs Qui survivent dans le noir Je suis Né un Jour de Malchance, Par le bout d’une Capote usé Sans gynécos à sa portée Ni Pilules dans le porte-monnaie Et pas déclaré même pas remboursé La société ne veut pas de moi Ne veut pas de ma mère Contrainte de continuer son putain de boulot Pour que je puisse m’acheter un cahier et deux stylos Mais cela ne m’empêche pas de tirer Quelques larfeuilles aux bourgeois Quand ils passent dans la rue Pour pouvoir acheter ma dose Qui me fera oublier que ma vie n’est pas rose Mais aujourd’hui, on me dépose Au creux d’un vulgaire trou Accompagné de Haine De Haine et de
Crachat J’avais 17 ans, la surdose m’a accompagné au
firmament sans couronne ni marbre. Des Histoires comme çà, il s'en passe des miliers, dans les rues de Paris, de New York, de Berlin, de Londres, d'Alger, de Calcutta...Des solutions existent pourtant, l'éducation et la prévention puis la contraception. Nous avons la chance, disons-nous, d'habiter dans un pays riche et puissant mais pourtant, des situations comme celle là, on peut en trouver près de chez soi, sans qu'on le sache. La solution n'est pas l'enfermement et les gardes à vue, mais bien le dialogue, l'écoute. Ecrit par Skipp', à 23:13 dans la rubrique "Mes Textes".
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Samedi (11/06/05)
Imagine...
Imagine, 60 millions de mécontent
Imagine, 60 millions de contribuables Imagine, 60 millions d'impatients Imagine, 60 millions de consommateur Imagine, 60 millions de drogués à la Pub Imagine, 15 millions de prolos et de chômeurs Imagine, ta femme et ton fils Imagine, ce que sera ton pays si tu fais rien Imagine, ce que sera ton pays si tu descends pas dans la rue Écoute frangin, c'est le cri du Peuple "Imagine", qui t'appelle. Ton pays est en danger. Ton peuple n'a plus que quelques heures à vivre avant d'être envahit par des Cyborgs atomique. Reviens Tonton. Regarde ton paysage : Des centaines de kilomètres irradiées par les bombes nucléaires statiques. Tes centrales nucléaires feront décoller ton pays. Tes abris provisoires seront submergés de taxes. Imagine, 60 millions de mécontent Imagine, 60 millions de contribuables Imagine, 60 millions d'impatients Imagine, 60 millions de consommateur Imagine, 60 millions de drogués à la Pub Imagine, 15 millions de prolos et de chômeurs Imagine, ta femme et ton fils Imagine, ce que sera ton pays si tu fais rien Imagine, ce que sera ton pays si tu descends pas dans la rue Écoute frangin, c'est le cri du Peuple "Imagine", qui t'appelle. Tes dirigeants sont corrompus, bientôt ta tête sera cotés en bourse, il faudra que tu joue au loto pour que tu puisse soigner ton cancer. Ton patron te flagelle. Démonte ton usine, fais sauter les centres commerciaux. Et descends dans la rue. Pense à ton fils. Il aura de la chance, il sera fixé sur son sort, il sera chômeur à sa naissance et il mourra jeune. Imagine, 60 millions de mécontent Imagine, 60 millions de contribuables Imagine, 60 millions d'impatients Imagine, 60 millions de consommateur Imagine, 60 millions de drogués à la Pub Imagine, 15 millions de prolos et de chômeurs Imagine, ta femme et ton fils Imagine, ce que sera ton pays si tu fais rien Imagine, ce que sera ton pays si tu descends pas dans la rue Écoute frangin, c'est le cri du Peuple "Imagine", qui t'appelle. Ton école ne sert plus à rien, nous ne t'apprenons plus qu'à te la fermer et à collaborer. L'école est désormais une usine à chômeur. Ton camps est choisi. On t'apprendra bientôt à t'inscrire à l'ANPE. Les profs sont corrompus. Tu apprends à collaborer. Imagine, 60 millions de mécontent Imagine, 60 millions de contribuables Imagine, 60 millions d'impatients Imagine, 60 millions de consommateur Imagine, 60 millions de drogués à la Pub Imagine, 15 millions de prolos et de chômeurs Imagine, ta femme et ton fils Imagine, ce que sera ton pays si tu fais rien Imagine, ce que sera ton pays si tu descends pas dans la rue Écoute frangin, c'est le cri du Peuple "Imagine", qui t'appelle. Descends dans la rue, brandis ta colère comme étendard, tu ne seras pas seul, le peuple de France sera à tes côtés, nous sauverons te frères. Nous ferons l'amour à tes cousins. Le peuple marchera sur la bourse. Les Enfants des ghettos verrons le soleil qui jaillira. Ecrit par Skipp', à 19:08 dans la rubrique "Mes Textes".
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Mercredi (11/05/05)
Nestor Burma [français]
--> à partir d'une bande dessinée, je devais inventer un court récit.
Cela faisait maintenant une heure et demie que Nestor Burma était parti de Berneuil, au nord de Compiègne, pour retrouver son ami de sa plus tendre enfance, Abel Benoit. Ce dernier l’avait appelé, chose exceptionnelle, à sa maison de campagne, sans même prendre la peine de passer d’abord par Hélène, la secrétaire de Burma qui était restée au 63 rue des forgerons, à Paris. L’appel avait duré quelques minutes, et malgré la mauvaise qualité de la ligne, Nestor Burma comprit que Abel avait besoin d’aide et que sa vie était en danger. L’express Compiègne-Paris s’arrêta voie 39. Burma, soucieux de l’appel de son ami, descendit du train d’un pas ferme. Bien qu’il pouvait aisément voyager en 1ère Burma préférait l’ambiance de la seconde classe. Il appréciait le dialogue avec ces prolos qui étaient juste de passage à Paris, qui passaient tout simplement voir tel ou tel parent malade. Très peu de dames dans ces voitures-ci. A peine eut-il posé pied à terre que l’odeur de mécanique lourde, de la gare du Nord, lui vint au nez et s’empara de lui, tel un mauvais vin. Il ne se soucia même pas de sa serviette qui était restée sur le porte-bagage. Le danger que courait son ami, lui troublait assez l’esprit. Il se dirigea hâtivement vers la bouche de métro dont il n’apercevait que l’indication « Bastille ». Le froid, qu’il ressentait depuis qu’il était descendu du train, lui rappela des souvenirs d’hivers d’enfance : les hivers qu’il avait passé avec Abel et les dindes aux marrons servis les soirs de Noël. Il se remémora le parcours qu’il faisait dans un Paris dangereux pour le rejoindre. Il se rappella de ce pont de Tolbiac, face à la maison qu’Abel n’avait pas quitté depuis la mort de ses parents, à Oran. Il se souvient de l’anniversaire d’Abel, lorsque trois aviateurs s’étaient écrasés dans la Seine, à quelques mètres de chez lui. Les cinquante mètres qu’il avait à parcourir lui semblèrent durer une éternité. Et jamais, depuis qu’il avait ouvert l’agence Fiat Lux, il s’était trouvé si faible devant tant de spontanéité. Il entendait, depuis quelques secondes, un claquement de talons derrière lui ; il devina bientôt qu’il était suivi. Il décida alors de bourrer et d’allumer sa pipe et s’arrêta afin de constater qu’il était réellement filé. Il s’accouda alors contre un panneau publicitaire, montrant une ménagère se servant d’un nouvel appareil : l’ aspirateur. Il se laissa alors accoster, sans surprise, par une femme qui ne devait pas avoir plus d’une trentaine d’années. Elle n’était pas très belle et son maquillage excessif la transformait en fille de joie. Ou bien, était-ce une gitane. La quincaillerie qu’elle portait à l’oreille et autour du cou lui servait probablement d’instrument de charme. D’ailleurs, il remarqua vite que son collier devait avoir plusieurs années car il constata que des perles, en faux-nacres avaient du tomber. La jeune femme hésita quelques secondes et lui demanda s’il était bien Nestor Burma. Ce dernier acquiesça et l’interrogea à son tour sur son identité. Elle occulta sa question et elle lui recommanda ne pas « y » aller. Burma se demanda comment cette femme pouvait connaître sa destination et il voulait savoir de quelle destination elle parlait. Elle répondit spontanément « Abel Benoit » en prenant soin de bien détacher le nom et le prénom. Burma, instinctivement lui en demanda la raison. Et il lut sur les lèvres qui restèrent presque fermées, que celui qu’il considérait comme un frère n’était plus. Les mots «IL EST MORT » résonnèrent dans son esprit. Abasourdi par la mort d’Abel, il se mit assit sur le banc qui se trouvait à quelques mètres et, comme un mauvais détective, il ne prit pas la peine de questionner davantage la gitane. Il la méprisait désormais. Il se demanda qui elle était, et comment elle savait qu’il devait arriver par l’express de 18h30. Il se posa également une multitude de questions et il décida, pour le respect de son ami, qu’il se devait de retrouver le bandit, sans foi ni loi, qui lui avait ôté la vie et pourquoi. Après maintes réflexions, il prit l’initiative de se rendre chez Abel. Il emprunta alors l’escalier qui l’emmena dans la bouche de métro et dont l’odeur enivrante d’urine était capable de transformer un francilien en cycliste. A cette heure de pointe, la rame était bondée et Burma fut contraint de rester debout au milieu de la transpiration, de l’odeur âcre de tabac et des secousses sans fin. Il s’aperçut alors qu’il n’avait plus sa serviette. Il fut incapable de se rappeler où il l’avait oubliée. Il se remémora alors son après-midi et il prit conscience qu’il l’avait négligée dans le train. Le parcours en métropolitain lui parut intensément long et le passage à Bastille ne le laissa pas indifférent. Il s’empressa de descendre. Il contempla du regard les parois de verre du métro souterrain et il distingua les lumières d’une péniche qui passait l’écluse qui sépare la Seine du canal St-Martin. Il descendit hardiment les marches de la station aérienne. Il refit le parcours qui conduisait à un modeste appartement de la rue du 22 juillet 1904. Lorsqu’il arriva, il ne fut pas impressionné par la présence de la Police qui mettait en place une zone de sécurité. Après avoir salué le divisionnaire Lauvin, qu’il connaissait bien, il put tranquillement entrer dans l’appartement qui ne lui était pas étranger. Il constata, avec une larme nostalgique, que rien n’avait changé, depuis sa dernière visite, il y a un mois, après le décès tout aussi mystérieux de la sœur de son ami. Il suivit alors un fonctionnaire de la police scientifique qui lui indiqua l’emplacement du cadavre. Il constata qu’Abel avait peu souffert et aperçut l’entaille béante à l’emplacement du cœur. Sa veste, habituellement si claire et bariolée, était recouverte de sang qui noircissait probablement depuis dix-sept heures. Il vit alors sa main droite resserrée autour d’un poignard. Le policier, sis sur une chaise, à côte de lui, remplissait à l’aide d’une linotype, une fiche sur laquelle il était en train de renseigner la cause de la mort. Burma constata avec effarement que le policier pressa, rapidement, les touches S.U.I.C….. Dégoûté, Burma, fit demi-tour, et parcourut lentement la pièce à la recherche du moindre indice. Il aperçut sur la table du salon un livre très épais dont il releva le titre : « Ce que vous devez savoir concernant les droits de succession ». Il remarqua ensuite une tache jaune-orange sur le chiffre 7 du cadran circulaire du téléphone et il distingua à gauche de l’appareil une carte de visite qui indiquait « Conseillère funéraire », suivait un numéro de téléphone « 741-385 ». Il passa ensuite dans la chambre à coucher de Abel et il nota que son ami de toujours n’avait pas passé la nuit seul. Une étrange odeur de brûlé se fit alors sentir. Il se dirigea vers la cuisine, désormais source d’intrigue pour les policiers. Burma connaissait parfaitement les lieux. Il se trouva le premier dans la cuisine, constata que l’odeur émanait d’un poêlon dans lequel cuisait probablement depuis plusieurs heures, un mélange de beurre et d’œuf maintenant grillé. Abel avait probablement cuisiné avant sa mort. Burma, en voulant couper le gaz, découvrit alors plusieurs perles nacrées dans le poêlon. Il lui sembla qu’il en avait déjà vue de semblables, mais où ? Il en prit une délicatement et la mit dans sa poche, en faisait attention que Lauvin ne le remarque pas. Burma décida de rentrer chez lui. Il descendit les marches de l’immeuble et salua en bas, les fonctionnaires chargés de sécuriser le quartier. Il stoppa un taxi qui passait à ce moment là, ouvrit la portière et indiqua la rue des Forgerons. Il s’assit sur la banquette arrière, prit la tête dans entre ses mains et mêlant professionnalisme et sentiments personnels, il pensait à ce feu Abel Benoit. Son regard s’orienta alors vers un journal algérien qui traînait sur la plage arrière de la Renault Corale. Il constata qu’il était daté du 27 octobre 1952. Il le déplia et ses yeux tombérent sur l’avis de décès d’une « Geneviève Benoit ». Nerveux, il jeta le journal sur la banquette et il se laissa conduire à Fiat Lux. Burma distingua les lumières de son bureau, fit stopper le chauffeur, lui donna sa commission et descendit du taxi. Il poussa la porte de son agence, la ferma à clé et tira les volets. Pour détendre un peu son esprit bouleversé, il sortit de son étui un saxophone et joua un morceau. Trop perturbé, il s’assit devant son bureau et se mit à réfléchir. Il s’endormit rapidement et le lendemain, à dix heures, il se réveilla en sursaut. Il coucha quelques mots sur une feuille. Il demanda à Hélène qui venait d’arriver, en retard, comme à son habitude, de porter cette feuille au divisionnaire Lauvin. Dans l’heure qui suivit, Lauvin appela Burma pour le remercier et l’informer que la cousine de Abel, entrée illégalement en France il y a une semaine, venait d’être arrêtée pour homicide volontaire avec préméditation. Ecrit par Skipp', à 17:45 dans la rubrique "Mes Textes".
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Nous ne serons libres que lorsque tu le seras
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