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Une petite visite

Blog de Skippyremi http://skippyremi.joueb.com

Nestor Burma [français]
--> à partir d'une bande dessinée, je devais inventer un court récit.

Cela faisait maintenant une heure et demie que Nestor Burma était parti de Berneuil, au nord de Compiègne, pour retrouver son ami de sa plus tendre enfance, Abel Benoit. Ce dernier l’avait appelé, chose exceptionnelle, à sa maison de campagne, sans même prendre la peine de passer d’abord par Hélène, la secrétaire de Burma qui était restée au 63 rue des forgerons, à Paris. L’appel avait duré quelques minutes, et malgré la mauvaise qualité de la ligne, Nestor Burma comprit que Abel avait besoin d’aide et que sa vie était en danger.

L’express Compiègne-Paris s’arrêta voie 39. Burma, soucieux de l’appel de son ami, descendit du train d’un pas ferme. Bien qu’il pouvait aisément voyager en 1ère Burma préférait l’ambiance de la seconde classe. Il appréciait le dialogue avec ces prolos qui étaient juste de passage à Paris, qui passaient tout simplement voir tel ou tel parent malade. Très peu de dames dans ces voitures-ci. A peine eut-il posé pied à terre que l’odeur de mécanique lourde, de la gare du Nord, lui vint au nez et s’empara de lui, tel un mauvais vin. Il ne se soucia même pas de sa serviette qui était restée sur le porte-bagage. Le danger que courait son ami, lui troublait assez l’esprit.

Il se dirigea hâtivement vers la bouche de métro dont il n’apercevait que l’indication « Bastille ». Le froid, qu’il ressentait depuis qu’il était descendu du train, lui rappela des souvenirs d’hivers d’enfance : les hivers qu’il avait passé avec Abel et les dindes aux marrons servis les soirs de Noël. Il se remémora le parcours qu’il faisait dans un Paris dangereux pour le rejoindre. Il se rappella de ce pont de Tolbiac, face à la maison qu’Abel n’avait pas quitté depuis la mort de ses parents, à Oran. Il se souvient de l’anniversaire d’Abel, lorsque trois aviateurs s’étaient écrasés dans la Seine, à quelques mètres de chez lui.

Les cinquante mètres qu’il avait à parcourir lui semblèrent durer une éternité. Et jamais, depuis qu’il avait ouvert l’agence Fiat Lux, il s’était trouvé si faible devant tant de spontanéité. Il entendait, depuis quelques secondes, un claquement de talons derrière lui ; il devina bientôt qu’il était suivi. Il décida alors de bourrer et d’allumer sa pipe et s’arrêta afin de constater qu’il était réellement filé. Il s’accouda alors contre un panneau publicitaire, montrant une ménagère se servant d’un nouvel appareil : l’ aspirateur. Il se laissa alors accoster, sans surprise, par une femme qui ne devait pas avoir plus d’une trentaine d’années. Elle n’était pas très belle et son maquillage excessif la transformait en fille de joie. Ou bien, était-ce une gitane. La quincaillerie qu’elle portait à l’oreille et autour du cou lui servait probablement d’instrument de charme. D’ailleurs, il remarqua vite que son collier devait avoir plusieurs années car il constata que des perles, en faux-nacres avaient du tomber. La jeune femme hésita quelques secondes et lui demanda s’il était bien Nestor Burma. Ce dernier acquiesça et l’interrogea à son tour sur son identité. Elle occulta sa question et elle lui recommanda ne pas « y » aller. Burma se demanda comment cette femme pouvait connaître sa destination et il voulait savoir de quelle destination elle parlait. Elle répondit spontanément « Abel Benoit » en prenant soin de bien détacher le nom et le prénom. Burma, instinctivement lui en demanda la raison. Et il lut sur les lèvres qui restèrent presque fermées, que celui qu’il considérait comme un frère n’était plus. Les mots «IL EST MORT » résonnèrent dans son esprit.

Abasourdi par la mort d’Abel, il se mit assit sur le banc qui se trouvait à quelques mètres et, comme un mauvais détective, il ne prit pas la peine de questionner davantage la gitane. Il la méprisait désormais. Il se demanda qui elle était, et comment elle savait qu’il devait arriver par l’express de 18h30. Il se posa également une multitude de questions et il décida, pour le respect de son ami, qu’il se devait de retrouver le bandit, sans foi ni loi, qui lui avait ôté la vie et pourquoi.

Après maintes réflexions, il prit l’initiative de se rendre chez Abel. Il emprunta alors l’escalier qui l’emmena dans la bouche de métro et dont l’odeur enivrante d’urine était capable de transformer un francilien en cycliste. A cette heure de pointe, la rame était bondée et Burma fut contraint de rester debout au milieu de la transpiration, de l’odeur âcre de tabac et des secousses sans fin. Il s’aperçut alors qu’il n’avait plus sa serviette. Il fut incapable de se rappeler où il l’avait oubliée. Il se remémora alors son après-midi et il prit conscience qu’il l’avait négligée dans le train. Le parcours en métropolitain lui parut intensément long et le passage à Bastille ne le laissa pas indifférent. Il s’empressa de descendre. Il contempla du regard les parois de verre du métro souterrain et il distingua les lumières d’une péniche qui passait l’écluse qui sépare la Seine du canal St-Martin. Il descendit hardiment les marches de la station aérienne. Il refit le parcours qui conduisait à un modeste appartement de la rue du 22 juillet 1904. Lorsqu’il arriva, il ne fut pas impressionné par la présence de la Police qui mettait en place une zone de sécurité. Après avoir salué le divisionnaire Lauvin, qu’il connaissait bien, il put tranquillement entrer dans l’appartement qui ne lui était pas étranger. Il constata, avec une larme nostalgique, que rien n’avait changé, depuis sa dernière visite, il y a un mois, après le décès tout aussi mystérieux de la sœur de son ami. Il suivit  alors un fonctionnaire de la police scientifique qui lui indiqua l’emplacement du cadavre.

  Il constata qu’Abel avait peu souffert et aperçut l’entaille béante à l’emplacement du cœur. Sa veste, habituellement si claire et bariolée, était recouverte de sang qui noircissait probablement depuis dix-sept heures. Il vit alors sa main droite resserrée autour d’un poignard. Le policier, sis sur une chaise, à côte de lui, remplissait à l’aide d’une linotype, une fiche sur laquelle il était en train de renseigner la cause de la mort. Burma constata avec effarement que le policier pressa, rapidement, les touches S.U.I.C…..

 Dégoûté, Burma, fit demi-tour, et parcourut lentement la pièce à la recherche du moindre indice. Il aperçut sur la table du salon un livre très épais dont il releva le titre : « Ce que vous devez savoir concernant les droits de succession ». Il remarqua ensuite une tache jaune-orange sur le chiffre 7 du cadran circulaire du téléphone et il distingua à gauche de l’appareil une carte de visite qui indiquait « Conseillère funéraire », suivait un numéro de téléphone « 741-385 ». Il passa ensuite dans la chambre à coucher de Abel et il nota que son ami de toujours n’avait pas passé la nuit seul.

Une étrange odeur de brûlé se fit alors sentir. Il se dirigea vers la cuisine, désormais source d’intrigue pour les policiers. Burma connaissait parfaitement les lieux. Il se trouva le premier dans la cuisine, constata que l’odeur émanait d’un poêlon dans lequel cuisait probablement depuis plusieurs heures, un mélange de beurre et d’œuf maintenant grillé. Abel avait probablement cuisiné avant sa mort. Burma, en voulant couper le gaz, découvrit alors plusieurs perles nacrées dans le poêlon. Il lui sembla qu’il en avait déjà vue de semblables, mais où ? Il en prit une délicatement et la mit dans sa poche, en faisait attention que Lauvin ne le remarque pas.

Burma décida de rentrer chez lui. Il descendit les marches de l’immeuble et salua en bas, les fonctionnaires chargés de sécuriser le quartier. Il stoppa un taxi qui passait à ce moment là, ouvrit la portière et indiqua la rue des Forgerons. Il s’assit sur la banquette arrière, prit la tête dans entre ses mains et mêlant professionnalisme et sentiments personnels, il pensait à ce feu Abel Benoit. Son regard s’orienta alors vers un journal algérien qui traînait sur la plage arrière de la Renault Corale. Il constata qu’il était daté du 27 octobre 1952. Il le déplia et ses yeux tombérent sur l’avis de décès d’une « Geneviève Benoit ». Nerveux, il jeta le journal sur la banquette et il se laissa conduire à Fiat Lux. Burma distingua les lumières de son bureau, fit stopper le chauffeur, lui donna sa commission et descendit du taxi.

Il poussa la porte de son agence, la ferma à clé et tira les volets. Pour détendre un peu son esprit bouleversé, il sortit de son étui un saxophone et joua un morceau. Trop perturbé, il s’assit devant son bureau et se mit à réfléchir. Il s’endormit rapidement et le lendemain, à dix heures, il se réveilla en sursaut. Il coucha quelques mots sur une feuille. Il demanda à Hélène qui venait d’arriver, en retard, comme à son habitude, de porter cette feuille au divisionnaire Lauvin.

Dans l’heure qui suivit, Lauvin appela Burma pour le remercier et l’informer que la cousine de Abel, entrée illégalement en France il y a une semaine, venait d’être arrêtée pour homicide volontaire avec préméditation.

Ecrit par Skipp', le Mercredi 11 Mai 2005, 17:45 dans la rubrique "Mes Textes".