5/05/04     Mercredi :

Cher Journal, encore une journée de passé, encore une journée avec un brevet blanc ! Si seulement je pouvais retomber en enfance !Adieu Misère, embarras de tous les jours, devoirs. Je rêve d’avoir encore cinq ans !

            Eh oui, cher Journal, regarde la joie des enfants qui jouent dans un bas à sable et qui ont le bonheur de ne pas savoir ce qui se trame dans le Monde. Ils s’amusent, tranquilles, sans se fier du temps qui passe et qui efface les jours, ils ne pensent qu’à la joie de leur mère qui recevra bientôt un dessin, que l’on saura plus tard, moche. Comme je voudrais avoir dix ans de moins ! Me chamailler avec ma sœur qui aura eut un morceau de galette plus grand que le mien ! Allons-nous balader dans la rue, après une averse avec notre mère, sauter dans une flaque pour la faire râler, s’asseoir sur un banc du jardin d’enfant et regarder les pins-up des bacs à sables ! Jouer au docteur (non conventionné) ! Lui piquer sa pelle et son seau. Lorsque que l’on rentrerait, avec ma sœur, nous nous ferons sermonner par nos parents qui prétendront que l’on commence par voler des seaux puis des voitures. 

            Ah !! Cher Journal, la joie d’avoir seulement quelques années à notre actif, de regarder mon frère manger sur sa chaise haute, de le voir baver sa soupe, et ma mère qui lui essuie machinalement sa bouche pleine d’eau aromatisée et composée de vitamines, d’oligo-éléments, que j’ignorais heureusement.

            Ah ! Diantre ! Ce rêve m’est impossible ! Il n’est pas né celui qui m’enverra une seconde fois dans le ventre de ma mère ! Là est le problème, alors, pour avoir 5 ans, que dois-je faire ? Regarder les « Bisounours » ? Hélas, même en dormant, je n’atteins jamais ce but. Alors, dois-je ressortir les albums photo du placard ? Ah, le bonheur que j’avais ressentis le jour de Noel de mes trois ans, quand le père Noel déguisé avec les yeux et les chaussures de mon ère était apparus dans le salon avec un avion en plastique !

            Tiens, et si ce soir à la belle étoile, j’apercevais les Fileuses, et que je leur demande de faire un nœud dans ma vie, ces Parques accepteront-elles ?

Ou bien sortiront leurs ciseaux, les ayant vexées ? Non ! Elles vont recoudre ce fil et le greffer au début ! Et si ce soir, j’observais les étoiles à la recherche d’un caillou de feu qui exaucerait mon vœu ?

            Voilà, la nostalgie toute entière à quinze ans m’envahit et je vois dérouler les étapes de ma vie, jusqu’à cinq ans, j’ai réussi ! Je suis dans un couloir, derrière la porte magistralle de la salle douze…Maintenant, me voici réunis au réfectoire, avec mes futurs camarades de sixième. Madame Siret annonce les nom de mon professeur principal. Je suis désormais devant une fiche de lecture où je dois cocher des cases, au cours moyen. Je me surprend soudain sur la Sarre, un voyage pédagogique à la rencontre de nos correspondants allemands. J’ai neuf ans. Quelle histoire merveilleuse, celle de ce fantôme qui gonfle un vélo jusqu’à éclatement du pneu. C’était le cours préparatoire. Je me rapproche de mon but. C’est bon ! ! Je suis dans cette classe qui a vu mes premiers collages artistiques ! Je joue avec les Polyèdres qui ont rythmés ma Maternelle. 

            Ah ! Il existe peu de jours où le passé n’accentue pas mon présent et chaque jour futur sera issu de mon passé ! Ceci n’est qu’un rêve, mais pas mon ambition, car je ne vis pas uniquement pour cela. Et demain, qui sais-je, rêverais peut-être de mon futur.