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Compte Rendu du procès de Samuel Morville
--> 5 mois de prison avec sursis et 400 euros d'amende , mais où va la justice?
"Police partout, justice nullepart" est un slogan de 68 qui chaques jours prend un peu plus d'empleur.
A l'heure où la justice n'existe plus, les têtes tombent au combat et les politicards comptent les points. On nous enfermes de plus en plus jeune, nous faire consommer ne leur suffit plus, il faut nous lobotomiser maintenant! Ce rapport de force entretient la haine et, comme dit Emile Pylas " je fais un pas, j'tombe sur un flic, je fais deux pas j'tombe sur deux flics, j'aurais dût le faire en courant, j's'rais tombé sur tout l'régiment", " y a des képis un peu beaucoup, justice nullepart, police partout!" Je rappelle avant tout les faits qui sont reprochés à Samuel Morville : il aurait craché sur un agent de l'ordre , il l'aurait insulté ( ce qui n'est pas dans les habitudes de Samuel, il est plutôt calme et respectueux, même énervé) . Par contre, Samuel lui a reçu des coups lors de sa garde à vue , il a été mis à poils et a été forcé de crier " vive la france et vive la police" . Qui est la victime dans cet immonde procès? Procès de Samuel Morville le 25 Mai 2005 à 9h.* Le RDV était donné à 8h30 au M° Cité. Dans le métro, nous avons eu une annonce disant que la station CITE était fermée par arrêté électoral à cause d’une manifestation sur la voie publique. Il était 7h50. On s’est demandés si la réunion de soutien avait pas déjà commencée. Nous sommes donc descendus mes deux camarades et moi à la station St Michel. En sortant du métro, on a pu apercevoir quelques CRS et des gendarmes filtrer le passage sur le pont de la Cité. On passe donc devant un gendarme qui nous bloque et nous dis « vous allez où la comme ça? » , on lui explique qu’on se promène, il rétorque « tous ensemble? » , je prends soin de lui faire remarquer que se balader chacun dans notre coin donnerait aucun sens à l’amitié, il se sent débile et nous dis de passer. Il nous le dit comme s’il faisait un effort « bon allez passez, c’est bon pour cette fois parce que j’aime bien votre gueule » . Il pouvait toujours espérer un merci!! Arrivés près du Tribunal de Grande Instance ( TGI), on s’aperçoit que le coin est remplie de flicaille, l’État à mis les petits plats dans les grands! Nous voyons la présence imposante des cars de ramassages scolaires ( dit des paniers à salade, le truc où on emmène les lycéens pas sages pour les mettre en garde à vue!) . Ça sentait un peu « mauvais », on a sentis qu’on devait pas rester devant le TGI pour l’instant. Nous sommes allés s’asseoir sur un banc en faisant les touristes pour pas que la flicaille se doute qu’on attend là pour soutenir Sam car la réunion de soutien a été interdite et, on pouvait se faire embarquer pour ça. Un groupe de lycéens est arrivé, ils étaient 5. On étaient désormais 8 près du banc, on a reçu un coup de téléphone de X nous ordonnant de partir derrière la Cité pour pas attirer les flics. En passant devant le bar ( on est passés deux par deux pour pas trop attirer l’attention), je me suis aperçue que X et un camarade étaient assis à la terasse du café, déguisés. Par reflexe, j’ai souris à X qui m’a fait signe de me barrer rapidement. Nous sommes donc allés nous asseoir sur le parvis de Notre Dame. On a attendus jusqu’à 8h30, puis nous sommes revenus au TGI. Les gens étaient enfin arrivés. On a salué Samuel, puis on s’est tous tassés dans le hall du Tribunal dans l’espoir de rentrer dans la salle d’audience. A partir de ce moment là, les forces de l’odre ont commencés à flipper. On étaient tassés et, presque pas visibles car nous étions fondus dans une masse compacte et homogène. Ils pouvaient pas différencier les lycéens ( = fouteurs de merde dans leur language) des justiciers ( personnes présente pour un procès autre). Certains ont chantés l’internationale en cœur. Une dame s’est retrouvée au milieu de nous, un gendarme est venu lui dire, tout affolé « Madame, sortez de cette file, vous allez vous retrouver dans un mouvement lycéen, nous allons les gazer d’ici peu, sortez madame! » Ils nous ont fait passer de la file de gauche à la file de droite puis, un gendarme à annoncé qu’on pourrait pas rentrer dans la salle d’audience, que le procès se déroulait en huit clos et que si on avaient pas de convocations, on pourrait pas rentrer. On étaient à peu près 50 lycéens entassés dans le hall de 50m², on a commencé à balancer les slogans. On a chanté « Les procès en huit clos, c’est la méthode des fachos » puis « A ceux qui veulent fliquer les lycéens , les lycéens répondent résistance. » « police partout, justice nulle part » et tous les slogans habituels. Les gendarmes ont commencé à s’énerver, ils nous poussaient, leur but était de nous pousser jusqu’au trottoir et fermer les portes du tribunal. On a donc fais un mini sit-in , puis quelqu’un est venu nous chercher pour qu’on sorte carrément foutre la merde sur le trottoir. Nous sommes donc sortis, au plus grand plaisir des gendarmes qui n’ont même pas eu à nous virer : nous avons fuis de nous même! Sur le trottoir, les CRS ont accourus et se sont mis en place en moins de temps qu’il en faut pour pisser sur un mur. Ils ont fait une chaîne humaine et carrée, on s’est retrouvés encerclés sur le trottoir. Certains se sont assis , on leur à conseillé de se relever « au cas où » que ça charge. On était surs que ça allait se produire. Les CRS faisaient une chaîne à notre gauche, à notre droite, en face de nous ( sur la route) et derrière nous ( collés au murs du tribunal) , c’est très mauvais de se retrouver entre deux lignes de CRS, là on étaient 150 à être entre quatre lignes de SS. Le rang qui était sur la route avançait et reculait, tantôt ils se mettaient sur la route, tantôt ils remontaient sur le trottoir. Certains de nous se sont fait gifler gratuitement par des CRS. Les slogans sont devenus virulents puis ont totalement disparus, les lycéens chargeaient la ligne de CRS qui était collée au mur du tribunal, leurs collègues rigolaient en voyant ça. Nous , devant le rang frontal, on se faisait insulter. Plusieurs d’entre nous ont tenté de raisonner la flicaille ( moitié CRS, moitié Gendarme) en leur parlant de leur maman, leurs enfants…. Devant on insultaient ( et crachait ), derrière on chargeait. Pourquoi l’Etat à t-il envoyé ses chiens? A la base, on y allait pour soutenir notre camarade, on s’est retrouvés encerclés de CRS, pourquoi?? La haine est montée d’un coup, ça chargeait violemment derrière, devant on faisait du corps à corps, un a un, pas de mouvements de masses. On étaient quatre à se battre contre quatre crs, en duo. On a commencé à faire une chaîne devant, mais un arbre et un banc nous séparaient de la 2ème ligne de lycéens. D’un coup, les CRS frontaux et ceux de droite ont sauté sur ceux qui étaient devant - donc mon groupe-, ils ont dit qu’ils nous « raccompagnaient » au Métro. Comme les petits clébards disciplinés qu’ils sont, ils ont fait un carré, avec NOUS au milieu! Des adultes se sont retrouvés au milieu de nous. Dans mon groupe, il y avait Y et B, deux petits durs, on était donc un groupe mixte avec une dizaine de jusqu’au boutistes. Les CRS ( toujours en carré avec nous au milieu) ont commencé à foutre des coups violents dans le tas. On a tenté de les raisonner, en parlant de REPRESSION, ils ont rien voulu entendre, ils répétaient « avancez, ça va mal se terminer! ». Des parents qui étaient hors du carré ont tenté de nous défendre en se mettant entre nous mais les CRS les ont matraqués en disant « ne vous mêlez pas de ça! ». On se faisait toujours taper à l’intérieur du carré, on hurlait notre haine contre eux, tout en marchant vers où ils désiraient nous emmener. En passant devant le bar, deux autres lycéens étaient assis au café, ils nous ont souhaité bon courage, tout en se cachant. Un CRS à commencé à me frapper parce que je les insultais, Y est venu l’insulter aussi, le CRS l’a bousculé, Y s’est vénère et à manqué de le tabasser, ensuite le CRS m’a dit « c’est un quoi lui? Un tunisien? Un Malgache? » je lui ai pas répondu et j’ai balancé un CRS SS. A ce moment là, deux gendarmes m’ont prise par les bras, j’en avais un de chaque côté, ils ont fait pareil à Y et B, les deux autres personnes qui ont fait du corps à corps avec la flicaille dans le carré. Je me suis dit qu’on étaient bon pour la GAV mais ça m’a pas affolée, j’ai continué à insulter et cracher dessus ( n’est-ce pas bizarre que je le fasse impunément alors que c’est en partie pour ça que Sam était en procès ce matin??), on a chanté « Ravachol ressuscite : on mettra d’la dynamite! » et « flics armés : PORCHERIE ». Les flics ont joué au petit pont massacreur avec nous, le but du jeu et de faire un carré , de foutre des gens dedans et de frapper n’importe où dans le tas ( le jeu se joue avec un ballon de foot à la base). On s’est pris pas mal de coups, nous sommes donc arrivés escortés par la flicaille, Y, B et moi entourés de nos deux gendarmes chacun! Ils nous ont ramenés à Châtelet, près d’un pont. Là, la tension s’est baissée, nous avons enfin pu respirer et constater les dégâts corporels, pas de grands blessés mais des putains de bleus . Sans même nous dire au revoir, la moitié de la flicaille est partie ( un mélange de CRS, Gendarmes et Policiers) , ils m’ont lâchés les bras, ça voulait donc dire que la GAV était pas prévue… Seuls 10 gendarmes ( des militaires donc) sont restés avec nous, pour nous empêcher de repasser le pont, nous avions seulement le droit de rentrer dans le Métro ou dans d’autres rues. Y et B sont repartis direct en faisant le tour. Nous étions plus qu’une quinzaine devant 10 CRS. Ils se sont détendus, on s’est assis face à eux, et, on a commencé à « déconner avec eux », ils s’amusaient à mater les pubs sur les bus de la RATP ( des femmes en dessous) , ils commentaient les corps. Un autre groupe de lycéen est arrivé escorté par la flicaille, ils n’étaient que 5, ils m’ont raconté que leur escorte a eux a été plutôt sereine. C’est donc mon groupe qui en as pris le plus sur la gueule . Certains CRS se sont mettre accroupis ( tout en gardant un peu de distance - périmètre de sécurité oblige-) pour nous parler, ils ont tenté de nous raisonner pour qu’on rentre réviser. Ils ont mis les choses au clair, comme quoi « y a pas de fachos dans les CRS, la majorité sont des maghrébin » , on leur a demandé de pas trop se payer notre gueule. Au bout d’une heure, ils s’emmerdaient un peu, ils nous ont même demandé si on pouvait pas leur faire une danse pour les distraire ou un spectacle. Puis, deux camions de pompiers, la BAC ( brigade anti criminalité) et des flics sont arrivés, ils ont mis un périmètre de sécurité avec des bandes sur le trottoir d’en face, puis y a eu un attroupement, on s’est inquiétés, ils nous ont expliqué qu’un sexagénaire menaçait actuellement de se jeter dans la Seine parce qu’il a des problèmes. Le fait de savoir qu’un homme allait peut être mourir juste en face de nous nous as un peu calmés. Puis une voiture de flics est passée, avec un homme d’environ 35 ans derrière, menotté, on lui a fait coucou, il nous as regardé « étrangement » ( on s’est aperçus qu’il était menotté bien après), la voiture s’est arrêtée au feu, il nous regardait trop bizarrement, là, le chef des CRS nous as expliqué qui était ce mec : le violeur en série qui a été arrêté à Paris il y a peu! De 15, on s’est retrouvés à 5 , car les lycéens partaient au compte goutte pour faire le tour et revenir devant. Un adulte est passé en moto , il s’est arrêté au feu rouge, a ouvert sa visière et à dit discrètement « faites le tour, ça passe, y a pas de barrages », comme si on faisait de la résistance comme pendant la guerre, c’était assez irréel! Puis, les 5 derniers ( donc mes camarades et moi), ont fait une diversion : on a prétendu aller a l’assemblée nationale car un sit-in s’y préparait, on leur à même dis « A c’t’aprem les mecs! », ils ont rigolés et nous ont répondus « Bon app les mômes! » . Là, un prof nous as dit de le suivre discrètement en faisant mine de rien, en faisant semblant de parler au téléphone ou je ne sais quoi. On s’est mis dans la peau d’un RG, c’était assez marrant! Sur le chemin commun ( c’est à dire avant la dispersion des 5 vétérans), nous avons vu Bertrand Tavernier ( un cinéaste ) dans le bus qui nous as applaudis! On a traversés un pont parallèle à l’autre puis, on s’est séparés dans deux rues qui rejoignaient le TGI! On était trois dans la rue que j’ai prise, le prof, une camarade et moi. Je me suis arrêtée dans le bar, je suis descendue aux toilettes, je suis remontée et je suis sortie par l’autre porte , celle qui était juste en face du TGI. Là, je me suis faufilée entre deux cars de SS et, j’ai couru a travers la route, j’ai franchi la chaîne humaine frontale que les CRS faisaient. Là , j’ai appris ce qu’il s’était passé avec le dernier groupe, celui qui n’a pas eu la chance ( c’est de l’ironie) de se faire escorter par les flics déchaînés jusqu’au métro. En fait quand nous sommes partis, eux ils ont continués à résister, ils se sont battus eux aussi et ont perdus trois camarades embarqués dans un car de ramassage scolaire , direct en GAV. Je ne peux pas vous dire qu’elle heure il était ni en combien de temps ça s’est fait. Nous étions toujours entourés de CRS , à droite , à gauche et en face mais ils laissent entrer et sortir n’importe qui, ils étaient là juste « au cas où » que les « extrémistes de gauche » pètent un câble à nouveau! On a attendus, assis. On s’est fait interviewer à droite à gauche, puis on nous as prévenus que Sam venait de sortir, on s’est rassemblés à la sortie, on a fait des slogans « des convoques pour tous » « nous sommes tous coupables » et d’autres slogans sur la répression et les bouc émissaires. On étaient tous super crevés mais heureux de voir enfin Samuel et donc, l’heure de rentrer arriver!! On s’est fait filmés comme des rats de laboratoire en train de fêter le retour de Sam. Le jury va délibérer mercredi prochain, ça se jouera entre Travaux d’Interêts Général ( TIG) , et Amende. Ils sont malin, mercredi prochain, c’est le BAC! Le plus dégueulasse, c’est qu’ils ont refusé d’entendre les témoins de Sam , ce qui l’aurait aidé!! On as a peine eu le temps de souffler que la banderole ( et ses porteurs) est arrivée en plein milieu de la route, nous nous sommes mis derrière, les CRS ont fait un barrage, pendant 10minutes on s’est confrontés a eux, puis ils ont reculés et, nous sommes partis en manif sauvage. Nous avons bloqués la circulation , on marchaient au milieu des voitures, on slogantaient, tout en liberté! Ça paraît un peu bizarre de voir que ce matin, la répression était là et, dans l’après midi, plus rien, on peut manifester comme des porcs, on a rien! Seuls les RG ( qui ont a plusieurs reprises failli se faire tabasser) étaient avec nous! Nous sommes allés au lycée de Sam, on est restés 15mn, on a tout défoncé, puis on est repartis, direction Bastille! Nous sommes arrivés à Bastille, nous avons marché ( en plein milieu de la route, comme d’d’h) jusqu’à la statue, là on a bloqué la circulation du grand rond point ( ce qui est hyper dangereux quand j’y repense), on s’est assis sur les pavés pendant 30mn, puis les CRS sont arrivés ( le retard qu’ils ont eu!!) , ils nous on fout tu sur le rond point, puis nous ont forcés à aller sur le terre plein en face ( sur les marches de l’opera de bastille), ils nous ont empêché de monter dans les marches nous asseoir pendant 5mn puis se sont barrés. On s’est assis sur les marches, puis on a commencé une « AG » où on a seulement répété les dates d’actions ( et procès), et dit qu’il ne faut jamais accepter les TIG car c’est comme admettre qu’on est coupable. Puis tout le monde à commencé à parler à ses potes . Les marches de l’opéra de Bastille se sont vidées au comptes gouttes. Une semaine plus tard, le juge à tranché, Samuel s'est pris 5 mois de prison avec sursis et 400 euros d'amende. Procès politique et châtiment démesuré... On appelle ça de la justice de classe. On ose même pas imaginer ce que vont prendre les inculpés de l'annexe du ministère de l'éducation. * Ce compte rendu est entièrement vrai, il n'est pas exagéré et est signé par trois membres actifs de la Coordination Lycéenne ( www.lyceens-en-action.fr.st) . Rouge est notre colère, noire est notre peine. Ecrit par Antiulcereuse, le Mercredi 1 Juin 2005, 19:14 dans la rubrique "@ctualité".
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