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Blog de Skippyremi http://skippyremi.joueb.com

D'après "Les Templiers" (Les Rois maudits), de Robert Druon
--> Sujet: A la manière d'un journaliste, racontez l'exécution des frères d'Aunay.

 

Les frères d'Aunay : exécutés pour lèse-majesté

 

Hier soir, à Pontoise, a eu lieu l'exécution de Gautier d'Aunay et de Philipe d'Aunay, les deux amants de Marguerite et de Blanche – les brus de rois. Mais revenons sur l'exécution des amants…

 


Pontoise  (Vendredi soir) – Hier matin, dès l'aube, sur la place du Martroy, les habitants ont aperçu l'échafaud et se sont précipités, afin d'obtenir les meilleures places. La population a appris, par l'intermédiaire des crieurs publics que les frères d'Aunay allaient être exécutés : adultère avec les femmes des fils du roi. Le programme de leur mort (roués de coups, écorchés vifs, châtrés, décapités, pendus)  a été préparé avec raffinement par Messire Guillaume de Nogaret. Leur souffrance sera longue et difficile à supporter. Toutes les recommandations ont été portées à la population afin d'éviter tout débordement. Les plus hauts dignitaires du royaume étaient présents – la comtesse d'Artois, la mère des brus, Isabelle reine d'Angleterre, Robert d'Artois, Alain de Pareilles – et sur la place, demeuraient des bourgeois, des paysans et des soldats.  

 

Sur l'estrade, qui servait d'échafaud, on pouvait apercevoir deux roues horizontales, un billot et, sur le fond de la scène, un gibet. Les D'Aunay ne seront pas dépaysés, car les bourreaux seront les mêmes que ceux ayant procédé à leur interrogatoire. Les amants venaient maintenant d'apparaître dans une charrette contenant de la paille. Ce dernier carrosse était sans doute leur corbillard!! On les hissa sur le podium et les on les dénuda. Les aides-bourreaux attachèrent les accusés sur  les roues. Puis, un mouvement de foule précéda l'arrivée des belles-filles, rasées et consternées par la découverte si rapide de leurs ébats  amoureux. Elle lancèrent quelques paroles mais n'osèrent pas regarder les amants.

 

            Les bourreaux commencèrent alors leur labeur. Simultanément, ils levèrent leurs masses, puis les lâchèrent sur les membres des coupables. Leurs jambes, leurs cuisses, puis les bras et les avants-bras craquèrent. Le bois travaillait et faisait vibrer la tribune. Tous les hauts-responsables avaient encore l'image de la crémation des templiers. Puis, les tortionnaires, munis d'instruments à plusieurs crocs, arrachèrent par morceaux la peau des deux corps. Le sang coulait à flot sur la place et plusieurs spectateurs placés près de la scène s'essuyèrent les yeux à cause des jets de sang. Les deux condamnés ne vivaient plus que par le muscle qu'étaient leurs cœurs. Puis, les tourmenteurs prirent de longs couteaux de boucher et émasculèrent les deux frères, ou plutôt, ce qui en restait…! La foule fut prise de névrose ; les femmes ressentaient comme une victoire, en pensant qu'en punissant ces deux là, c'est tous les hommes qui étaient réprimandés. Les bourreaux jubilèrent en contemplant leur public unanime. Par la suite, une vague de rire circula dans l'assemblée. Les aides-bourreaux venaient de déplacer les corps des accusés et de poser leurs têtes sur les deux billots, les lames des haches ne descendirent pas en même temps, mais avec un intervalle de cinq secondes, pour mieux faire jubiler le peuple. Désormais, toute vie venait d'être ôtée aux d'Aunay et leurs âmes devaient sans doute être en train de passer entre les mains du diable. Les aides déplacèrent de nouveau les corps sans vie de Gautier et de Philipe d'Aunay pour les suspendre sur la potence, par les aisselles.

            Après que les princesses adultères eurent regardé une dernière fois les larves, sans têtes, ni sexes, Alain de Pareille, le coordinateur du spectacle donna l'ordre aux chariots noirs, où se trouvaient les belles-filles, de quitter la place, afin qu'elles regagnent. La foule, elle aussi s'évapora en essayant de passer le plus près possible des victimes. Puis, la foule,  par petits groupes, rejoignit leurs demeures
Ecrit par Skipp', le Samedi 20 Mars 2004, 14:56 dans la rubrique "Mes Textes".


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