Punitions, exclusions, retenues? Lequel de ces châtiments choisir? Qui n'a jamais eu à faire face à au moins un de ceux-ci, pour punir un acte fautif. L'élève n'aime aucune de ces sanctions. Cependant, l'on pourrait classer ces mesures, avec, dans l'ordre  :  la punition (dans le langage scolaire, une punition est généralement une copie de lignes, un travail écrit pour une simple faute), la retenue (les parents sont avertis) et l'exclusion (qui figure sur le dossier scolaire, seuls quelques élèves sont concernés). Mais, il faut bien distinguer la sanction qui est une punition officielle de ce que l'on appelle "punition" qui est la correction pour une faute pas très grave.

            La majorité des enseignants use bien trop de la punition (la copie de lignes), qui apporte bien plus d'inconvénients que d'avantages. La punition a pour seul objectif de faire cesser, au moment même, le comportement de l'élève ; mais, quelques heures après, dans un cours différent, l'élève n'y accordera plus d'importance. Les punitions ne s'attaquent pas au comportement de l'élève, mais à l'élève lui-même, qui va bien évidemment nier logiquement les faits, de peur de mettre en péril l'estime qu'il a de soi. Les punitions à la maison sont souvent visées par les parents qui vont discuter avec l'enfant. Mais pendant que ce dernier exécute sa punition, il va peut-être ne plus avoir le temps de faire ses devoirs et un cycle infernal se met en route  :  il manquera de sommeil et se dissipera en classe. Copier des lignes ne sert à rien à l'élève, car au  bout de la dixième ligne, il réussira à faire une faute, à oublier un mot ; à la fin de la copie, la phrase (pleine de fautes et avec des mots manquants) ne signifiera plus rien, et l'élève peinera encore plus s'il doit l'apprendre par cœur. A un potache qui aura oublié de faire un exercice, on peut lui demander de le refaire avec des travaux supplémentaires. Je pense que c'est une mesure assez utile pour un élève refusant de faire son travail. C'est une des seules mesures qui me semble intelligente, car l'élève va réfléchir et exécutera cette correction "éducative". Elle peut aussi l'aider à progresser.

            Une autre forme de correction existe  :  la retenue. L'élève doit effectuer une punition (copies ou exercices), tout en étant surveillé. De plus, les parents sont obligatoirement informés. Par conséquent, ils peuvent également sévir (privation de certaines activités, télévision, jeux vidéo, ordinateur, sorties…). L'élève a davantage peur des conséquences de la retenue que de la retenue en elle-même  :  il côtoiera, alors,  d'autres élèves ayant commis des fautes bien plus graves et il craindra  d'être assimilé aux pires perturbateurs. L'élève arrêtera peut-être de se dissiper quelque temps, peut-être même pendant un mois, par peur d'être de nouveau sanctionné. Néanmoins, certains enseignants ou surveillants abusent de cette autorité, qui, à force, n'agira plus  :  l'élève sera "habitué".

            Une sanction plus ou moins "officielle" est, ces dernières années, à son apogée  :  "le mot dans le carnet de correspondance", mais cette mesure est presque ignorée de certains parents, car les "mots" proviennent généralement de surveillants ayant sévi abusivement (l'élève était dans le couloir, bavardait en permanence…). L'élève ayant le plus d'heures de permanence est susceptible d'avoir le plus de mots. De plus, le potache sait parfaitement imiter la signature de ses parents, qui ne vérifient pas forcément le carnet. On peut donc conclure que cette mesure ne sert quasiment à rien, du moins, elle ne modifie pas le comportement de l'élève.

            Je pense, par ailleurs, que l'exclusion de cours est tout aussi inutile. L'enseignant excluant un élève veut s'en débarrasser, car, selon moi ,il n'y a aucune mesure éducative dans ce geste. L'élève développe par la suite une sorte de haine envers ses camarades, qui pourraient être responsables, ou pour le professeur. J'estime que c'est une punition humiliante.

            Quant à l'exclusion de l'établissement, l'élève qui n'affectionne pas l'école se réjouit de cette mesure. En outre, cette sanction doit rester exceptionnelle. Elle doit être en rapport avec la faute commise et le contexte. Elle doit être également évaluée en fonction de la personnalité du fautif.

            Autrefois, dans les classes, le professeur usait de sanctions collectives et du "zéro de conduite", qui sont, aujourd'hui, heureusement interdites. Les "zéros de conduite" étaient une erreur, car il faut distinguer le travail du comportement  : l'élève travailleur mais dissipé est dévalorisé et ses résultats peuvent "chuter". Je pense, plutôt, que nos enseignants pourraient avoir une attitude plus positive en valorisant davantage l'enfant qui fait des efforts tant dans son travail que dans son comportement.

Existe-t-il de "bonnes sanctions" ?  Une bonne sanction doit pouvoir réussir à faire réfléchir l'élève sur la faute qu'il a commise, afin d'éviter qu'il ne recommence. Parallèlement, la sanction doit être graduée en fonction de la gravité de l'indiscipline. Chaque sanction doit être unique, car elle dépend de la personnalité de chacun. Elle doit être motivée, expliquée :  là on verrait le rôle pédagogique d'une sanction. En aucun cas cette mesure ne doit être humiliante. Le potache qui trouble sans cesse un cours veut se faire remarquer. Le professeur devrait lui donner alors des responsabilités et le valoriser.  Il doit ,par ailleurs, féliciter un comportement correct.

Je ne pense pas que je parviendrais à  imaginer d'autres solutions pour punir, mais pourquoi, à la place de punir l'élève en tort, ne pas féliciter l'élève raisonnable. Un élève perturbateur est souvent un élève en situation d'échec scolaire. J'estime, qu'au lieu de punir ces élèves, il faudrait mieux les accompagner. L'institution, qu'est l'école publique de la République, doit s'occuper davantage de cette partie de la population qui aura  toute sa vie une piètre opinion de l'école et de ses maîtres.